Documentaire de création

Marcel 12

A Merry-la-Vallée, petit village de l’Yonne, vit Marcel Poulet, artiste peintre. Dans l’entre-deux du pays natal de Puisaye, sombre, boisé, illuminé d’étangs, et des grands espaces découverts de l’Aillantais.

Le travail dans l’atelier, au fil des saisons, rythme la vie du film. Proche du chevalet, un clavier de couleurs : ocres jaunes et rouges ; hématites roses, violacées et brunes ; terres d’ombre brûlées ; terres de Sienne ; azurite du Maroc ; argiles mauves et grises ; sables blancs, noirs, dorés… Dans une technique a tempera, le peintre mélange ces terres colorantes à de la colle vinylique. Au couteau ou au pinceau, Marcel Poulet travaille la matière par aplats et empâtements, joue des couleurs comme territoires, utilise le sable pour un effet de rugosité, frotte avec un chiffon. Arbres, champs, chemins, espaces et clôtures sont saisis par l’abstraction.

Dans les années soixante, influencé par les peintures murales des églises de sa région natale, découvertes à l’adolescence, Marcel Poulet décide d’abandonner la peinture à l’huile. Charles Juliet, écrivain, poète, et sa femme sont en visite à l’atelier. Marcel parle de son désir de retrouver, travailler, interroger ces vieilles techniques a tempera, qui donnent des peintures mates traitées par grands aplats de couleurs pures. Voici un aperçu de peintures murales de la région : Moutiers, Saint-Fargeau, Saint-Martin sur ocre, Ferté-Loupière, Lindry, Louesme, Saints-en-Puisaye, Villiers-Saint-Benoît…

A la Chapelle Saint-Félix de Merry-la-Vallée, au cœur de la forêt, l’artiste examine en silence ses peintures murales, Massacre des Innocents et Martyr de saint Félix, saisissement d’ocres rouge et jaune.

Des correspondances se tissent entre le travail du peintre, un texte de Colette (Les Vrilles de la Vigne, « Jour gris ») et le quatuor en Fa majeur de Ravel. Marcel Poulet se fait lecteur. Mots, images et musique dessinent un monde de sensations : brumes sur les étangs de Puisaye, chemins creux, maison natale de Colette et son petit jardin intérieur, arbres… « J’appartiens à un pays que j’ai quitté… ».

L’artiste entame une nouvelle toile. Il est un explorateur permanent de sa propre démarche. « Je m’arrête de travailler sur une toile, quand j’ai l’impression qu’elle se met à chanter. »

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